Elle crée une start-up de charbon BIO à seulement 20 ans

Tout juste diplômée de l’université Assane Seck de Ziguinchor, Niako Seck crée la startup Bio Boujek en 2019. Un projet qui s’attaque ainsi à la  lutte contre la coupe abusive du bois mais aussi à l’assainissement de l’environnement en Casamance. « Boudjek » signifie charbon en langue Diolas.
La startup utilise les déchets de la biomasse tels que les coques d’arachides, de noix de coco, de cajou ou encore les feuilles de mangues pour produire un charbon économique, soucieux de l’environnement , de la santé des utilisateurs et moins polluant que le charbon de bois.

Comment est née l’idée de la startup
Bio Boudjek ?

Le projet a été mis en place au départ dans le but de participer à une compétition internationale nommée Enactus. Nous étions en collaboration avec des femmes productrices de charbon issues de deux villages de la Casamance affectés par le Conflit Casamançais. Nous avons bénéficié d’un accompagnement du département physique de l’université Assane Seck de Ziguinchor avec
M. Lat. Ndiaye. En 2019 nous avions remporté le concours interuniversitaire sur les
énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, puis le prix de l’innovation avec le club Enactus de
l’université Assane Seck de Ziguinchor au niveau National. A l’issu du concours nous devions représenter le Sénégal en Californie, mais les moyens financiers n’ont suivi. Beaucoup ont quitté le navire, le groupe s’est rétrécit, nous sommes passés d’une vingtaine à 6. C’était difficile, mais nous avons choisi de continuer, car l’impact du projet sur la vie des utilisateurs, en particulier des femmes valait tous les sacrifices.

Vous arrivez à commercialiser votre produit ?

Pour le moment la production s’élève à 500 kg de charbon minimum par jour, l’entreprise prévoit d’augmenter ses capacités de production en tonnes dans les mois à venir. Notre charbon est, deux fois moins cher que le charbon traditionnel c’est-à-dire le charbon de bois et il est adapté à tout type de cuisson. Nous proposons le sac de 50kg à 12500 franc CFA, celui de 25 kg est à 6500 franc CFA, et celui de 6 kg à 2000 franc CFA. Et si vous avez envie de tester le charbon avant d’en commander une grande quantité, nous vous proposons le sac de seulement.

Jusqu’ici quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Par définition, une start-up, c’est une entreprise nouvelle innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future. Une start-up doit tout d’abord passer par une phase d’expérimentation de son marché et de son modèle économique. C’est donc une entreprise qui demande des investissements importants et risqués dès le départ et c’est là que cela se corse pour les femmes puisqu’elles n’ont pas accès aux fonds permettant ces premiers investissements. L’écosystème financier qui manque cruellement de diversité. Le problème numéro un des femmes fondatrices de start-up n’est donc pas de se lancer, c’est d’être financé, notamment à leur lancement. Lorsque l’on cherche ses premiers financements, les solutions qui s’offrent à soi sont les micro-crédits et les taux sont excessivement élevés pour une startup naissante. Le Sénégal devrait innover dans ce sens-là, certes investir dans une startup, c’est prendre un risque, mais une excellente manière de les limiter consiste justement à conquérir de nouveaux territoires et ainsi diversifier son portefeuille

Quels sont vos défis pour le futur et comment voyez-vous évoluer Bio boudjek?

Par définition, une start-up, c’est une entreprise nouvelle innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future. Une start-up doit tout d’abord passer par une phase d’expérimentation de son marché et de son modèle économique. C’est donc une entreprise qui demande des investissements importants et risqués dès le départ et c’est là que cela se corse pour les femmes puisqu’elles n’ont pas accès aux fonds permettant ces premiers investissements. L’écosystème financier qui manque cruellement de diversité. Le problème numéro un des femmes fondatrices de start-up n’est donc pas de se lancer, c’est d’être financé, notamment à leur lancement. Lorsque l’on cherche ses premiers financements, les solutions qui s’offrent à soi sont les micro-crédits et les taux sont excessivement élevés pour une startup naissante. Le Sénégal devrait innover dans ce sens-là, certes investir dans une startup, c’est prendre un risque, mais une excellente manière de les limiter consiste justement à conquérir de nouveaux territoires et ainsi diversifier son portefeuille. Quels sont vos défis pour le futur et comment voyez-vous évoluer Bio boudjek? Plusieurs défis s’imposent lorsque l’in crée sa startup mais le défi majeur c’est de garder la vision et conserver le cap. Le métier d’entrepreneur c’est de la création permanente, de l’innovation, de la motivation mais surtout transmettre aux autres. Nous devons défendre la vision de Bio Boudjek becs et ongles et tenir bon dans l’adversité car la concurrence arrive, ne jamais abandonner c’est aussi réel. En termes d’évolution, nous espérons que les finances iront mieux d’ici fin 2024, nous comptons être vraiment autonome financièrement en 2025 et polariser tout le Sénégal en Charbon écologique, Nous prévoyons de recruter au moins 23 employés d’ici fin 2023 pour la commercialisation et la production et pour les affaires annexes Notre objectif est de baisser le taux d’utilisation du charbon de bois au Sénégal, le ramener à moins de 10%.

Quel regard portez-vous sur la situation de l’entrepreneuriat au féminin?

Les femmes osent, ont de l’ambition, des business plans solides, une rentabilité opérationnelle. Le problème ne vient pas d’elles mais de cet écosystème qui ne s’intéresse pas à ce qu’elles font parce que les entreprises qu’elles créent ne répondent pas à leur cahier des charges habituel en termes de secteurs d’activité, de business model et de matrice de rentabilité. Je suis aussi Coach en entreprenariat et à travers les séminaires de formations que j’anime auxquels j’ai eu à assister un peu partout au Sénégal, je peux vous garantir que les femmes sont très volontaires. Elles prennent de plus en plus des initiatives innovantes, alors au lieu de leur dire OSEZ, je dirais plutôt CROYEZ en leur projets et capacités. Les mentalités ont bien évolué même si certaines réflexions négatives sont encore bien présentes. Le leadership des femmes, s’affirme c’est une réalité qu’on ne plus contester, les femmes ont investi tous les secteurs et je prie que cela continue.

Comment soutenir davantage la création d’entreprise par des femmes ?

L’accès au financement est un des freins majeurs pour les femmes qui se lancent dans la création d’entreprises. Le visage de l’entrepreneuriat féminin a changé, avant c’était un business, ce qui suscitait peu d’intérêt pour les investisseurs et les bailleurs. Les politiques devraient s’impliquer davantage et proposer des garanties et des aides à toutes celles qui créent peu importe le domaine. L’accès à l’information est aussi plus difficile pour elles et apparaît comme un véritable facteur d’inégalité. Il faudrait créer des cadres d’échanges et plus de programmes d’accompagnement, de formation afin de les aider à sortir de l’informel. A ziguinchor ou je suis, les femmes manquent cruellement d’accompagnement, Il y’a beaucoup de choses à faire. L’avenir appartient aux entrepreneures. L’Afrique, développe un nouveau style d’entrepreneuriat qui allie les traditions locales et les réalités du monde socio-économique. Il est urgent que les autorités s’adaptent pour mieux les accompagner.

Quels conseils pourriez-vous donnez aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’univers des startup ?

Avoir une vision globale de son projet, c’est un conseil valable pour tous les entrepreneurs, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, mais qu’il est bon de rappeler. Il faut vraiment connaître son projet sur le bout des doigts pour pouvoir être percutante et efficace, et ainsi convaincre les investisseurs. Le deuxième il faut se faire confiance, ne jamais attendre d’être prêt pour se lancer car on ne l’est jamais totalement. Il faut prendre des décisions et Just keep going. Lancer son propre business ce n’est jamais facile encore moins quand on est une femme. il y aura des hauts, des foutes des regrets, de l’échecs c’est normal mais il ne faut que cela devient paralysant. J’ai appris à me forger dans l’adversité en gardant toujours garder ma perspicacité et ma rage d’atteindre mes objectifs. Ce qui maintien en vie un entrepreneur c’est la détermination. Il faut se préparer à travailler dure sans compter ses heures, il n’y a pas de secret, le travail est la seule clé du succès.